guindé

guindé

guindé, ée [ gɛ̃de ] adj.
• 1643; de guinder
1Qui manque de naturel en s'efforçant de paraître digne, supérieur. compassé. Par ext. Mal à l'aise. contraint, gourmé; fam. constipé. Avoir un air guindé. affecté, étudié, solennel (cf. Collet monté). « une vieille demoiselle, un peu guindée, vieux jeu » (Mallet-Joris).
2(1654) Affecté, ampoulé. Style guindé. apprêté, emphatique, pompeux. « le ton [de ces pages] m'en paraît guindé » (A. Gide).
3(1580) Serré, corseté (dans ses vêtements). engoncé, raide. « Trapu, un peu guindé dans des vêtements noirs » (Martin du Gard).
⊗ CONTR. Aisé, naturel.

guinde nom féminin (de guinder) Grue à bras pour élever les fardeaux. Cordage qui, sur le plateau d'un théâtre, fixe les châssis ou les différents éléments d'un décor.

guindé, ée
adj. Qui manque de naturel, gêné. Avoir l'air guindé dans des vêtements neufs.
Fig. Affecté et solennel. Style guindé.

⇒GUINDÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de guinder.
II. — Emploi adj.
A. — [En parlant d'une pers. et p. méton. d'un inanimé]
1. Qui manifeste une gravité étudiée, une raideur affectée; qui manque de naturel par souci des convenances. Synon. affecté, compassé, gourmé. Air, cercle, dîner guindé; paroles guindées. Une femme grande, sèche (...), guindée, précieuse, prétentieuse (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 181). L'attitude artificielle, superficielle, académique, guindée, du monsieur en habit de soirée, m'exaspérait (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 67). Les lettres un peu guindées écrites en 1865 par un fils étudiant à Paris : « Mon cher père, ma chère mère »... (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 131).
Emploi subst. à valeur de neutre, littér. Comportement affecté. Il n'y a rien de si difficile à atteindre que le naturel? Et tout le faux, le guindé (...) se présente comme de lui-même, et semble inné dans l'homme (BONALD, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 200). V. affecté ex. 13.
2. P. ext. Qui est dépourvu d'aisance, notamment à cause de vêtements serrés; qui est d'une gaucherie embarrassée. Synon. contraint, emprunté, gauche. Leur regard moqueur ne faisait grâce à Christophe d'aucune de ses maladresses (...). Assis à côté d'elles, sur le bord de sa chaise, rouge et guindé, (...) n'osant pas bouger, (...) se sentant observé du coin de l'œil, il perdait contenance (ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1904, p. 140). Le reporter qui les interroge [des explorateurs et des capitaines] au retour de leurs extravagances s'étonne de les trouver guindés et timides (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 92) :
1. Il portait un manteau noir, trop étroit et un gros chapeau melon tout neuf. Peu à l'aise, et se sentant l'objet des regards de ses élèves, il avait un maintien guindé et évitait de balancer la tête de droite à gauche.
DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 90.
B. — En partic. [En parlant d'un écrivain; p. méton. de son œuvre] Qui manque de spontanéité; qui pèche par un excès de recherche, d'affectation. Synon. académique, affecté, alambiqué, ampoulé, apprêté, artificiel, corseté, fabriqué, pompeux. Style guindé. Si Mallarmé n'était pas guindé et obscur, ce serait un grand classique (JACOB, Cornet dés, 1923, p. 16). J'avais écrit de façon obscure, guindée et surchargée : j'ai changé la forme, élagué, expliqué parfois, ce qui ne change rien au fond (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 103):
2. La prose, lorsqu'elle traduit les passages épiques, a un défaut bien grand, et visible surtout sur la scène, c'est de paraître tout à coup boursouflée, guindée et mélodramatique, tandis que le vers, plus élastique, se plie à toutes les formes ...
VIGNY, Lettre Lord, 1829, p. 276.
Emploi subst. à valeur de neutre, littér. Caractère affecté d'une œuvre littéraire. V. canaille ex. 6.
Prononc. : []. Fréq. abs. littér. : 146. Bbg. QUEM. DDL t. 1.

1. guinde [gɛ̃d] n. f.
ÉTYM. XIIIe, « coiffure de femme »; de guinder.
Techn. Petite grue à bras.(Théâtre). Cordage pour attacher les éléments d'un décor.
HOM. 2. Guinde; formes du v. guinder.
————————
2. guinde [gɛ̃d] n. f.
ÉTYM. XXe; étym. inconnue; p.-ê. de guindeau « treuil », par le sémantisme « machine bruyante ».
Argot. Voiture. Tire.
0 Quand je ne savais pas encore conduire et que je sentais la fatigue de mon homme au volant, je regardais la route, en serrant les doigts, pour redresser la guinde (…)
A. Sarrazin, la Cavale, p. 230.
HOM. 1. Guinde; formes du v. guinder.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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